Mark Steinmetz vit et travaille aux États-Unis.

– Lieu de vie et atelier — ensemble ou séparé ?
Dans notre maison, nous avons une assez grande bibliothèque de livres de photos ; nous stockons également nos négatifs dans des endroits à l’écart, au rez-de-chaussée. Ma chambre noire se trouve dans une structure séparée de la maison, mais reliée à celle-ci par un petit toit. L’Humid se trouve au bout de la rue et c’est surtout le studio d’Irina. Je l’utilise parfois pour mettre en page des séquences de livres, pour expédier des livres ou des tirages, et parfois pour utiliser l’imprimante afin de réaliser des tirages numériques pour la fabrication de livres.

– Avez-vous un rituel quotidien ?
Je médite pratiquement tous les matins.

– Quel est le premier livre d’art dont vous vous souvenez ?
Le premier livre d’art dont je me souviens est un livre illustré pour enfants intitulé The Alphabet’s Tail (La queue de l’alphabet), que j’ai gagné à l’âge de quatre ans. Un jour, j’étais allongé sur le ventre sur le tapis de sol, regardant des dessins animés en noir et blanc à la télévision et mangeant des chips dans le bol à côté de moi, lorsque ma mère m’a demandé de colorier un dessin pour un concours. La prochaine chose dont je me souviens, c’est que je suis dans un auditorium sombre avec beaucoup de monde, mon nom est appelé et je descends une longue allée jusqu’à la scène éclairée. Là, on m’a remis le livre en guise de récompense. Je me souviens avoir pensé que tout ce que j’avais fait, c’était de colorier les contours prédessinés, et que je ne méritais pas ce prix – cela me paraissait idiot. C’est peut-être le début d’un mépris général pour les prix décernés par des comités.

– Quelle musique écoutez-vous en travaillant ?
Lorsque je travaille vraiment, je fais le silence pour ne pas secouer la colonne de l’agrandisseur avec des vibrations bruyantes. Un ventilateur d’extraction est en marche et l’eau coule, de sorte que l’on pourrait dire que la bande sonore est un bruit blanc.

– Quel est votre objet préféré à l’atelier ?
Tout ce qui se trouve dans ma chambre noire a été fabriqué entre les années 1960 et 1990 et semble très solidement construit par rapport à tous les composants en plastique que nous avons aujourd’hui. J’ai fait des réserves d’ampoules pour les lampes de sûreté et les agrandisseurs afin de pouvoir continuer à travailler à l’avenir. J’aime à peu près tout ce qu’il contient. Il n’y a pas de favori. J’ai un outil de détourage que j’ai fabriqué il y a trente ans et des outils de gravure abîmés qui fonctionnent très bien.

– Avez-vous toujours voulu devenir une artiste ?
J’étais doué pour les mathématiques et les sciences physiques et je pensais m’orienter vers l’astronomie ou la paléontologie. Mais la plupart des activités scientifiques se déroulent à l’intérieur, dans des salles à l’éclairage fade, et cela ne me convient pas.

– À quoi ressemble une journée de repos ?
Mes journées sont plutôt variables et complexes. Il y a toujours un mélange de responsabilités à assumer et de moments vides où je peux m’offrir une liberté fugace.

Livres et objets