Jared Bark
Artistes•Clémentine Schneidermann
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Autoportrait, 2018
L'imprimante que je n'ai jamais eue
Clémentine Schneidermann (née en 1991) vit et travaille entre Cardiff (Pays de Galles) et Paris (France).
– Lieu de vie et atelier — ensemble ou séparé ?
J’ai toujours travaillé depuis chez moi alors la frontière entre le professionnel et le personnel est très floue. Je ne crois pas qu’il y ait une différence entre les deux, ce qui n’est vraiment pas une bonne chose. Je travaille sans avoir l’impression de travailler, et il faut souvent que je me force pour arriver à faire quelque chose de “non” productif. J’ai eu la chance de vivre dans des endroits où je me sentais bien, que ce soit au Pays de Galles ou à Paris à la Cité des Arts. Mais j’aimerais beaucoup avoir un espace de travail indépendant un jour, j’envie beaucoup ceux qui ont cela !
– As-tu un rituel quotidien ?
Je fume une cigarette par jour, souvent avant ou après le dîner. C’est vraiment un plaisir coupable non explicable.
– Quel est le premier livre d’art dont tu te souviens ?
Le père de ma meilleure amie était photographe et je me souviens aller chez elle et découvrir toute sa bibliothèque photo dans son salon avec émerveillement. Parmi tous les très gros livres, je me souviens de ce tout petit livre qui ne devait pas faire plus de 10 cm de long. Il était de Magali Koenig, une photographe suisse, sur ses voyages en ex-URSS. J’étais fascinée par ce si petit objet et les images délicates de ces pays si lointains.
– Quelle musique écoutes-tu en travaillant ?
J’ai dû écouter Pale Blue Eyes des Velvet Underground plus d’une centaine de fois — c’est si beau. Ça me rappelle un de mes films préférés, Le Scaphandre et le Papillon de Julian Schnabel dans lequel cette musique passe à un moment. J’écoute en général beaucoup de musique triste et mélancolique, ça me calme et ça m’aide a me concentrer. Beaucoup de Radiohead, Nick Cave, Simon & Garfunkel et aussi beaucoup de chanson française, d’aujourd’hui et d’avant. J’ai aussi des phases nostalgiques où je me remets a écouter la musique qui m’accompagnait durant mon adolescence début 2000 —Mickey 3D, Air ou Moby. Je ne m’en lasse pas.
– Quel est ton objet préféré à l’atelier ?
L’imprimante que je n’ai jamais eue. (rires)
– As-tu toujours voulu devenir une artiste ?
Je ne crois pas. Il y a peu voire pas d’artistes dans ma famille ou dans mon entourage et j’étais assez médiocre en arts plastiques à l’école. J’ai grandi avec l’idée que ce n’était pas un monde auquel je pouvais appartenir, étant si maladroite avec un crayon ou un pinceau. Aujourd’hui, je me considère plus comme photographe qu’artiste. J’ai toujours l’image de l’artiste comme quelqu’un d’extrêmement créatif et manuel, dans un atelier, portant une blouse avec des pinceaux plein les poches. J’en suis bien loin !
– À quoi ressemble une journée de repos ?
J’essaie de me vider la tête autant que possible, le nez au vent plutôt que devant mon écran. Je vais nager au moins deux fois par semaine, et si je peux, je vais marcher ou courir. Le Pays de Galles est un endroit merveilleux, j’allais très régulièrement dans les Brecon Beacons ou sur la côte quand je vivais là-bas. Il y a des plages incroyables vides à seulement 30 minutes de Cardiff.