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Artistes•Seiichi Furuya

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Autoportrait

L'arbre gingko

Seiichi Furuya (né en 1950) vit et travaille à Graz, Autriche.

– Lieu de vie et atelier — ensemble ou séparé ?
Mon travail ne nécessite pas d’avoir un atelier, je n’ai donc pas de pièce consacrée à cet effet. Mais dans le grenier de ma maison, j’ai installé une chambre noire. À vrai dire, je pense pouvoir dire que mon jardin plein d’arbres — habité par toutes sortes d’oiseaux, chats et écureuils — et ma maison forment mon atelier. J’ai aussi fait quelques photos dans mon jardin, de plantes, fleurs et animaux.

– Avez-vous un rituel quotidien ?
Comme il y a plus d’une trentaine de moineaux qui vivent dans le jardin et dans un petit espace sous le toit de la maison, je les nourris tous les jours. En hiver, je leur donne des graines de tournesol et des céréales en petites boulettes, à partir du printemps, du pain de mie et des graines de tournesol. Un corbeau qui a ses quartiers non de chez moi vient plusieurs fois par jour voir s’il y a quelque chose pour lui aussi.

– Quel est le premier livre d’art dont vous vous souvenez ?
Je n’ai pas vécu une enfance entourée de livres. Je n’étais donc pas particulièrement intéressé par les livres d’art.

– Quelle musique écoutez-vous en travaillant ?
Comme je suis photographe, mon activité se résume principalement à la prise de vue, au travail en chambre noire et aux préparations d’expositions, et je n’ai jamais pris l’habitude d’écouter de la musique quand je fais l’une de ces activités. Mais cela m’arrive, quand je fais des tirages en chambre noire, d’écouter Gustav Malher. J’ai eu l’opportunité de faire un reportage sur sa vie et pour cela, je me suis rendu dans les nombreux lieux où il a vécu. Depuis, j’ai développé un intérêt pour sa vie et sa musique.

– Quel est votre objet préféré à l’atelier ?
Dans mon jardin-atelier, ce que je préfère, c’est l’arbre Gingko. Quand nous l’avons planté en 1978 avec Christine pour notre anniversaire de mariage, c’était encore un jeune arbre d’à peine 1 mètre, et maintenant c’est un arbre majestueux de plus de 30 mètres, qui fait ma fierté auprès du voisinage. Chaque année à l’automne à la saison des feuilles rouges, les badauds qui passent devant sont toujours impressionnés. Je me souviens encore que nous avions planté cet arbre Gingko, aussi surnommé « arbre aux mille écus », en vue de notre futur ensemble.

– Avez-vous toujours voulu devenir un artiste ?
Encore aujourd’hui, je ne me considère pas comme un artiste. Je fais avant tout un travail de mémoire qui consiste à utiliser le medium photographique ou autres documents pour faire des livres ou des tirages, afin de me souvenir des choses que je n’ai jamais envie d’oublier. C’est un travail et une démarche que j’entreprends pour moi-même, mais si des personnes s’intéressent à ce travail de l’intime, je n’hésite pas à le partager avec autrui. Une des raisons de cela est mon envie secrète de présenter Christine au monde entier…Christine qui a quitté ce monde si jeune et dont l’ambition première était de monter sur scène. C’est pour cela que je partage mes souvenirs personnels avec le public. C’est une démarche qui n’a rien à avoir avec la profession d’artiste, il me semble. Je n’attache pas d’importance à la façon dont les personnes caractérisent ma profession. J’ai quitté la maison à 15 ans et je mène une vie instable depuis, comme un gamin sans toit. Pour quelqu’un comme moi, c’est indispensable de me pencher sur mon passé, savoir ce que j’ai fait, où, et quand, pour continuer à vivre.

– À quoi ressemble une journée de repos ?
Depuis toujours, je n’ai jamais fait la différence entre les journées chargées et les journées libres. Même si j’ai physiquement du temps, je peux être psychologiquement très pris. La définition de « temps libre » n’a donc pas trop de sens pour quelqu’un comme moi, qui travaille à son compte.

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